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MARS
MARS
Les sciences sociales et l’écriture du monde
Conférence
Ouvert au grand public
25.03.2015 17:15 - 19:00
Présentiel
Faisons un rêve: des textes où histoire et littérature coexistent. Ce défi n’a de sens que s’il fait naître des formes nouvelles. L’histoire et la littérature peuvent être autre chose, l’une pour l’autre, qu’un cheval de Troie.
Mon idée est la suivante : l’écriture de l’histoire n’est pas simplement une technique (annonce de plan, citations, notes en bas de page), mais un choix. Le chercheur est placé devant une possibilité d’écriture. Réciproquement, une possibilité de connaissance s’offre à l’écrivain : la littérature est douée d’une aptitude historique, sociologique, anthropologique.
Parce qu’au XIXème siècle l’histoire et la sociologie se sont séparées des belles-lettres, le débat est habituellement sous-tendu par deux postulats implicites : les sciences sociales n’ont pas de portée littéraire ; un écrivain ne fait pas de sciences sociales. Il faudrait choisir entre une histoire qui serait "scientifique", au détriment de l’écriture, et une histoire qui serait "littéraire", au détriment de la vérité. Cette alternative est un piège.
Parce qu’elles produisent de la connaissance sur le réel, parce qu’elles sont capables non seulement de le représenter (c’est la vieille mimesis), mais de l’expliquer, les sciences sociales sont déjà présentes dans la littérature – carnets de voyage, mémoires, autobiographies, correspondances, témoignages, journaux intimes, récits de vie, reportages, tous ces textes où quelqu’un observe, dépose, consigne, examine, transmet, raconte son enfance, évoque les absents, rend compte d’une expérience, retrace l’itinéraire d’un individu, parcourt un pays en guerre ou une région en crise, enquête sur un fait divers, un système mafieux, un milieu professionnel. Toute cette littérature révèle une pensée historienne, sociologique et anthropologique, forte de certains outils d’intelligibilité : une manière de comprendre le présent et le passé.
Cette conférence sert de pré-introduction au colloque « Une responsabilité inavouée, des droits bafoués ».
Mon idée est la suivante : l’écriture de l’histoire n’est pas simplement une technique (annonce de plan, citations, notes en bas de page), mais un choix. Le chercheur est placé devant une possibilité d’écriture. Réciproquement, une possibilité de connaissance s’offre à l’écrivain : la littérature est douée d’une aptitude historique, sociologique, anthropologique.
Parce qu’au XIXème siècle l’histoire et la sociologie se sont séparées des belles-lettres, le débat est habituellement sous-tendu par deux postulats implicites : les sciences sociales n’ont pas de portée littéraire ; un écrivain ne fait pas de sciences sociales. Il faudrait choisir entre une histoire qui serait "scientifique", au détriment de l’écriture, et une histoire qui serait "littéraire", au détriment de la vérité. Cette alternative est un piège.
Parce qu’elles produisent de la connaissance sur le réel, parce qu’elles sont capables non seulement de le représenter (c’est la vieille mimesis), mais de l’expliquer, les sciences sociales sont déjà présentes dans la littérature – carnets de voyage, mémoires, autobiographies, correspondances, témoignages, journaux intimes, récits de vie, reportages, tous ces textes où quelqu’un observe, dépose, consigne, examine, transmet, raconte son enfance, évoque les absents, rend compte d’une expérience, retrace l’itinéraire d’un individu, parcourt un pays en guerre ou une région en crise, enquête sur un fait divers, un système mafieux, un milieu professionnel. Toute cette littérature révèle une pensée historienne, sociologique et anthropologique, forte de certains outils d’intelligibilité : une manière de comprendre le présent et le passé.
Cette conférence sert de pré-introduction au colloque « Une responsabilité inavouée, des droits bafoués ».
Quand?
25.03.2015 17:15 - 19:00
Où?
Organisation
Domaine Sociologie, politiques sociales et travail social
severine.moll-lauper@unifr.ch
Rte des Bonnesfontaines 11
1700 Fribourg
026/300 77 86
severine.moll-lauper@unifr.ch
Rte des Bonnesfontaines 11
1700 Fribourg
026/300 77 86
Intervenants
Ivan JABLONKA - Université de Paris XIII
Pièces jointes
CYCLE d'événements:
Mémoire, (in-) oubli et responsabilité
Il est des actes et des souffrances à jamais impardonnables et irréparables. Et pourtant il importe à chaque fois de tenter de réparer le lien social défait, de tenter de reconstruire un vivre-ensemble paisible. Mais comment pardonner l’impardonnable ? Comment oublier sans oublier ? Comment vivre avec un passé si lourd et si obsédant, que toute tentative pour oublier est immédiatement condamnée comme déni, comme aveuglement, comme négation d’un vécu qui ne peut être dit mais qui ne peut aussi être tu.
Nous proposons donc, dans le cadre de ce XXIIIème cycle de conférences publiques, de nous attaquer à ce douloureux passé qui ne passe pas, à ces questions de responsabilité, noyées dans le brouhaha de nos vies quotidiennes et dans les injonctions de réussite personnelle, de performance, de consommation, de statistiques et de concurrence de tous contre tous, alors même que chaque jour des milliers de personnes affrontent un contexte de déshumanisation, de vulnérabilité croissante et d’inexistence sociale.
Autres événements dans le cycle
Nous proposons donc, dans le cadre de ce XXIIIème cycle de conférences publiques, de nous attaquer à ce douloureux passé qui ne passe pas, à ces questions de responsabilité, noyées dans le brouhaha de nos vies quotidiennes et dans les injonctions de réussite personnelle, de performance, de consommation, de statistiques et de concurrence de tous contre tous, alors même que chaque jour des milliers de personnes affrontent un contexte de déshumanisation, de vulnérabilité croissante et d’inexistence sociale.
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