13
MARS

Heurs et malheurs de la bientraitance

Conférence
Ouvert au grand public
13.03.2019 17:15 - 19:00
Présentiel

Les motivations pour développer la bientraitance dans le monde du soin sont a priori légitimes et respectables. Porté par les agences officielles du secteur sanitaire et médico-social en France, ce néologisme semble d’ailleurs ne donner prise à aucune critique. C’est pourtant bien cet aspect trop consensuel, relevant d’une forme de rhétorique de l’évidence, qui doit nous interroger. Une analyse critique de la bientraitance, et de ses conséquences sur les pratiques, semble aujourd’hui particulièrement nécessaire. La question est alors de savoir si la bientraitance représente une tentative louable de revalorisation de l’activité soignante, ou si elle n’est qu’un dispositif (au sens de Michel Foucault) visant à poursuivre l’œuvre de rationalisation et de standardisation du soin.
Quand?
13.03.2019 17:15 - 19:00
Où?
Site MIS 03 / Salle 3117
Avenue de l'Europe 20, 1700 Fribourg
Organisation
Travail social et politiques sociales
Séverine Moll-Lauper
severine.moll-lauper@unifr.ch
Bonnesfontaines 11
1700 Fribourg
026 300 77 86/80
Intervenants
Philippe Svandra, docteur en philosophie, a occupé les fonctions d’infirmier, puis de cadre de santé à l’hôpital Paul Brousse. Formateur à l’Institut de formation de cadres de santé de l’Hôpital Sainte Anne de Paris jusqu’en 2017 et maître de conférences associé à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée de 2009 à 2015, il est aujourd’hui formateur/consultant et chargé de cours dans cette même université.

CYCLE d'événements:
Bienveillance, bienfaisance, bientraitance. Les pratiques du Bien sous la loupe

Le Bien est de retour ! Depuis quelques années déjà, il n’est pas un programme d’intervention publique, pas une action bénévole ou humanitaire, dans les domaines de la santé, de l’éducation ou du social, qui ne réfère à la bonne intention de l’activité entre-prise et au profond respect de la dignité de la personne considérée.
Que signifie ce recours au bien vouloir et au bien agir dans la qualification des actions entreprises, si ce n’est d’afficher qu’il n’en a pas toujours été ainsi ? Quelle est en fait la valeur ajoutée de cette mobilisation générale du Bien dans les référentiels de l’action sur ou avec Autrui ? S’agit-il d’une traduction pratique de l’exigence éthique qui traverse tous les champs de l’action, publique comme bénévole, aujourd’hui ? S’agit-il davantage d’une conséquence de l’obligation de transparence et d’évaluation qu’imposent à tout programme d’intervention les nouvelles formes de management ? S’agit-il, au contraire, d’une disposition prudente des institutions et des associations devant la montée en puissance des usagers / bénéficiaires tout aussi soucieux d’être considérés dans leur singularité que prompts à faire recours en cas d’insatisfaction ? S’agit-il encore d’un argument "commercial" dans un univers, fut-il celui de l’action publique ou bénévole, fortement traversé par des logiques concurrentielles ? Quelle que soit la réponse à ces questions, et il est probable qu’elle se tienne à mi-chemin de celles-ci, il convient de s’interroger sur l’impact concret de cette référence au Bien dans les pratiques des professionnel-le-s et de se demander jusqu’où elle infléchit la philosophie générale de leurs interventions, elle marque les principes de leurs codes déontologiques et, aussi, elle affecte la nature de leur relation avec les bénéficiaires-usagers.
 
Autres événements dans le cycle
20.02.2019Le Bien à l’œuvre. Des bonnes intentions aux bonnes pratiques
27.02.2019Vulnérabilité et bienveillance
06.03.2019Respect, sollicitude et soin
13.03.2019Heurs et malheurs de la bientraitance
20.03.2019La philanthropie, une pratique politique ?
27.03.2019Pour une éthique de la bienveillance
03.04.2019Une société bienveillante plutôt qu'inclusive
10.04.2019ONG, bienfaisance et ingénierie politique dans la Syrie de Bachar al-Assad
17.04.2019La tyrannie du bienveillir
01.05.2019Contre le salut
08.05.2019Vulnérabilité et effondrement compassionnel
15.05.2019La bienveillance : une fausse évidence