L’amour se voit souvent en apesanteur : « La terre peut bien s’écrouler, chante Édith Piaf, peu m’importe, si tu m’aimes. » Et malgré cela on a besoin d’un lit, d’un toit, de pain et d’eau fraîche pour pouvoir être ensemble. Chassez l’économie, et elle revient dans le boudoir. « Toi et moi sur l’île déserte », ce sont bientôt deux consommateurs salariés que sépare le bureau, que réunit le shopping, et à qui la banque fait crédit. Tolstoï a vu combien l’amour romantique, à force d’être hors monde, ne pouvait être que hors vie. C’est ce que nous verrons à travers les histoires de ces deux ou trois couples racontées dans Anna Karénine, afin de déjouer les illusions prostituantes d’un certain capitalisme, et parvenir à une véritable écologie de l’amour, où la terre ne doit pas s’écrouler, mais se cultiver.

Une lecture d'Anna Karénine de Léon Tolstoï.