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FéVR

Dominations, contrôles et actions empêchées

Conférence
Ouvert au grand public
26.02.2020 17:15 - 19:00
Présentiel

La domination est souvent définie par l’articulation entre une logique d’extorsion du consentement et un ensemble de mécanismes de contrainte. Longtemps, à l’intérieur de cette équation, le primat fut accordé à la question du consentement des dominés et à ses déclinaisons (idéologie, légitimité, violence symbolique, etc.). Nous ferons l’hypothèse que, sans disparaître, cette dimension a cédé le pas aux contrôles en tant que principal mécanisme d’exercice de la domination. Et ce sera dans le cadre de cette montée historique des contrôles que nous analyserons trois grands mécanismes contemporains de contraintes factuelles et les manières dont elles visent à empêcher certaines formes d’action : le tracking, les dispositifs et la performativité. Nous essayerons de montrer à quel point cette transition pose de tout nouveaux défis pour l’action et l’agir social autonome.
Quand?
26.02.2020 17:15 - 19:00
Où?
Site MIS 03 / Salle Auditoire C
Avenue de l'Europe 20, 1700 Fribourg
Organisation
Travail social et politiques sociales
Moll-Lauper Séverine
severine.moll-lauper@unifr.ch
Rte Bonnesfontaines 11
1700 Fribourg
026/3007786/80
Intervenants
Danilo Martuccelli est professeur de sociologie à l'Université Paris Descartes, actuellement détaché comme chercheur à l'Université Diego Portales de Santiago du Chili. Enseignant dans plusieurs Universités en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, il a effectué des recherches sur différentes thématiques (le racisme et la xénophobie, l'expérience scolaire, le national-populisme, le processus d'individuation…) et est auteur de nombreux ouvrages et articles. Ses recherches en cours portent sur les problématisations de l'individualisme et sur l’autorité et les asymétries de pouvoir.
Pièces jointes

CYCLE d'événements:
L’action aux confins. Quand l’action n’est pas encore (ou déjà plus) agir.

Toute action se doit d’être efficace, à tout le moins conforme, pour être signifiante socialement. C’est ce que, en bon « social scientist », nous avons retenu de notre fréquentation des bancs universitaires, mais aussi en bon honnête homme (et bonne honnête femme), nous avons appris, quelquefois à nos dépens, de nos expériences biographiques. Mais parfois, souvent même, l’action s’arrête à ces marches et entre dans les limbes de l’action urgente, de l’action contrainte, de l’action embarrassée, de l’action limitée, de l’action insignifiante. Agir à tout prix devant les désastres humanitaires, agir dans l’urgence devant la souffrance sociale des plus vulnérables, agir sans attendre devant les impacts climatiques à court terme, soigner par-delà l’éventuel consentement du malade quand la vie de ce dernier est en jeu ; la morale vient ici recouvrir l’action, au nom d’un impératif indiscuté posé comme indiscutable. Agir malgré tout, agir pour sauver la face, agir quand il ne reste plus que cela à faire, agir coûte que coûte parce que ne pas agir serait encore pire ; le désespoir, à tout le moins la désillusion, vient ici soutenir l’action et lui donner son sens. Agir dans les marges laissées libres, consentir, ruser, détourner, résister, désobéir, agir en refusant l’action attendue mais en s’inscrivant néanmoins dans des schémas imposés, dans des dominations minuscules mais pourtant fortement pesantes ; l’action devient ici vitale comme condition du maintien de l’existence, fût-elle insignifiante. Agir en retenant l’action, en soupesant, en délibérant, en négociant (avec soi et avec les autres) car agir n’est pas simple tant il nous condamne à construire des alternatives rien moins qu’évidentes, tant il nous prend dans des dilemmes sans sorties aisément acceptables ; l’action est ici pesée des conséquences, appréciation des intérêts et, avant tout, établissement d’un compromis, le résultat d’un travail éthique caractérisant un agir dont la solidité repose sur l’équilibre.
C’est à ces thématiques, et à bien d’autres encore, centrées sur cette idée qu’agir ne suffit pas ou que ne pas agir est en soi une action, que l’action est trop compromise pour être moralement acceptable ou bien encore trop soupesée pour être efficiente que sera consacré le cycle de conférences publiques 2020 auquel l’ensemble des étudiant-e-s de la Chaire de Travail social et de politiques sociale sont convié-e-s ainsi que tout-te étudiant-e et tout-e citoyen-ne intéressé-e- par cet enjeu.

 
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