L’Amérique des écrivains français, c’est d’abord celle d’avant, celle du XIXe siècle – de Stendhal ou de Baudelaire – qui reste suffisamment éloignée pour se prêter aux projections inquiètes. Et puis c’est surtout celle d’après, celle de l’entre-deux-guerres, devenue cette grande puissance qui donne le ton sur les plans social, politique et même, désormais, culturel. Mais qu’en est-il dans l’intervalle ? Quelle est la place des États-Unis dans la littérature des années 1890 à 1920, lorsque s’opère un tournant qui ne se résume pas au passage d’un siècle à l’autre ?
De Bourget et Jarry à Cocteau et Breton, en passant par Larbaud, Cendrars et ­Valéry, ce colloque se propose d’inter­roger aussi bien la persistance voire l’amplification de certains clichés, souvent antiaméricains, que la rencontre, embarrassée ou enthousiaste, avec des écrivains (Walt Whitman, Gertrude Stein), des modèles de pensée (le pragmatisme), des comportements sociaux (le flirt), des spectacles (le Wild West Show de Buffalo Bill), des ­médiums et les nouveaux modes d’expression qui leur correspondent (le cinéma, la bande dessinée, le récit de détective), afin de mieux cartographier, par des images et des usages, une présence significative –   notamment parce que la référence américaine implique presque toujours une ­projection vers l’avenir.