Comment peut-on aujourd'hui traiter médiatiquement des questions liées à la pauvreté sans tomber dans les travers propres aux médias de notre époque ? Il y a l'effet d'agenda (on parle des pauvres parce qu'il fait froid), l'effet de spectacularisation (on parle des sans-abris lorsque l'un d'eux meurt en rue), l'effet de simplification (une belle histoire est plus digeste qu'une analyse fouillée), l'effet de déshumanisation (les pauvres ne sont qu'une statistique) ou au contraire l'effet d'incarnation (un portrait touchant résumera une question systémique au parcours d'un individu). Mais il existe aussi une question plus troublante : l'effet clivant. Au travers du regard des médias, les questions sociales divisent de plus en plus la société. Un des rôles du journaliste ne devrait-il pas être de proposer une grille de lecture qui nous affranchit de ces différents filtres ? Au contraire, on a parfois l'impression que ces biais sont devenus les derniers recours pour permettre au journaliste de capter l'attention de son public. Avec Salauds de pauvres et Les nouveaux Pauvres, Patrick Séverin a expérimenté un traitement transmédia de ces questions, une nouvelle piste explorée pour résoudre cette épineuse équation médiatique.